La peur d’échouer et les remontrances bloquent l’apprentissage
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
À l’école, chez soi, au travail, avec nos proches, la peur d’échouer et les punitions en cas d’erreur, bloquent le cerveau préfrontal, le centre de la planification, de l’action et de l’apprentissage. Il est alors extrêmement difficile de faire de nouveaux apprentissages
Parents, professeurs, formateurs et employeurs devraient se souvenir de ceci: lors d’un nouvel apprentissage, le stress engendré par la crainte d’échouer ou de subir des remontrances en cas d’erreur va empêcher l’apprentissage de se produire.
Pour apprendre, le cerveau doit en effet non seulement avoir du plaisir, mais aussi avoir des défis à relever et des difficultés à surmonter.
Défis et difficultés ne doivent cependant pas être insurmontables.
Avant de commencer à enseigner, il faut donc instaurer un climat de sécurité, sans jugement et sans stress.
Se tromper, c’est aussi apprendre
L’erreur doit être admise et surtout évaluée comme une information pertinente à l’apprentissage et non comme un échec
L’attitude de celui qui enseigne est donc déterminante. Ceci explique pourquoi certaines années, les enfants éprouvent des difficultés et d’autres ont des notes excellentes.
Au début de mes cours, je commence toujours par donner aux participants mes consignes de professeur sévère :
rire, s’amuser, ne pas se comparer, ne pas avoir peur de se tromper … et tricher tant que l’on veut, à condition, bien sûr, de faire des efforts personnels.
Si non, pourquoi vouloir apprendre quelque chose de nouveau si on ne peut avoir de plaisir…
Un peu de stress mais pas trop, c’est bon pour la mémoire!
Un peu de pression psychologique causée par le stress et l’anxiété a des effets positifs sur les fonctions cognitives et le comportement. Un peu d’anxiété permettrait même de mieux parler en public
Le stress et l’anxiété
– Renforcent l’attention et la concentration Ils améliorent la mémoire
– Facilitent le rappel des informations de la mémoire à long terme au moment du besoin
En revanche, lorsque cette pression psychologique est trop intense et dure trop longtemps, elle produit l’effet inverse :
elle bloque l’apprentissage et peut même détruire les neurones. Le cerveau peut alors se centrer sur l’objet de la peur.
Le stress s’attaque à notre flexibilité mentale et nous ramène automatiquement dans le confort de nos habitudes
Dès que nous apprenons quelque chose de nouveau, nous traversons en effet un moment de déstabilisation cognitive tout à fait normal.
Nous remettons alors en cause ou réévaluons ce que nous connaissons déjà.
Bien ancrées dans la mémoire, ces connaissances sont devenues des automatismes dont nous ne sommes pas conscients.
Il est par conséquent difficile de les modifier.
Stress et cortisol
Quand nous sommes stressés ou anxieux, les glandes surrénales produisent beaucoup de cortisol, l’hormone du stress et de l’énergie.
Le cortisol est indispensable car il nous tient éveillés et nous permet de réagir en cas d’urgence.
Lorsque la concentration de cortisol est 20 fois plus élevée que la normale, il peut s’attaquer au cerveau, à l’hippocampe et aux synapses (l’endroit où s’effectuent les échanges et la circulation de l’information entre les neurones.
Le stress empêche aussi la fabrication de nouveaux neurones.
Conseils pour réduire le stress de votre vie
– Adoptez une technique de relaxation ou de méditation, car cela a un impact formidable sur la santé, sur la qualité sur sommeil, mais aussi sur la capacité d’être attentif, de se concentrer et de contrôler le stress.
–Pratiquez la méditation marchée car elle est un excellent antistress. Elle est simple, efficace et disponible en tout temps!
Je la pratique régulièrement. Ce n’est pas toujours facile lorsque nous vivons dans un tourbillon où tout va vite, très vite, trop vite.
– Quand tout va trop vite, ou avant de passer un examen, parler en public ou si quelque chose vous rend anxieux, prenez un moment pour vous détendre, en comptant très lentement, à rebours, de 100 à 0.
Qu’est-ce qu’apprendre?
Apprendre, c’est modifier les connaissances que l’on possède déjà et se transformer soi-même. L’apprentissage est un processus individuel, actif, constructif, cumulatif qui se produit lorsqu’on choisit délibérément de traiter activement toute nouvelle information
Cette définition de l’apprentissage montre bien que l’on doit être actif et non passif et que, pour retenir des informations, il faut les manipuler, c’est-à-dire les transformer soi-même, activement plutôt que de chercher à les retenir par cœur.
À cela on peut ajouter que les connaissances accumulées dans la mémoire servent de «port d’attache» aux nouvelles connaissances. Ce qui facilite, on s’en doute, le travail de compréhension et de mémorisation.
Il faut donc être curieux intellectuellement pour offrir un grand nombre de points d’ancrage à toutes les nouvelles connaissances que nous accumulons.
Cette définition nous apprend aussi que rien ni personne ne peut assumer à notre place la responsabilité de nos succès et de nos échecs.
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