Qu’est-ce que le vieillissement réussi?
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Le passage à la retraite, puis la vieillisse, ne sont pas la fin de la vie active et stimulante. Il s’agit plutôt, pour qui veut s’en donner la peine et les moyens, une occasion unique, peut-être la dernière, de repositionner sa vie sur tous les plans. Il est encore temps d’achever ce qui a été amorcé avant la retraite, de rattraper les occasions perdues et même de tout recommencer.
Mais avant d’atteindre un nouvel équilibre, il faudra accepter toutes les périodes de doute, de remise en question, de désenchantement et même de déception qui jalonnent le chemin, rempli d’ombre et de lumière, vers la stabilité.
Une fois cette période critique passée, la grande majorité des gens pourront alors redonner un nouvel élan et un nouveau sens à leur existence avant de se laisser glisser lentement dans la vieillesse et la fin de leur vie.
Tout changement, toute transition commence par l’achèvement d’une étape de la vie et l’ouverture vers une autre.
L’entre deux est parfois difficile, voire douloureux, mais pour la majorité des gens, tout finit par se remettre naturellement en place.
Le passage à la retraite constitue toutefois une transition particulièrement délicate puisqu’elle s’ouvre sur la vieillesse, puis sur la fin de la vie.
Comment bien vivre sa retraite pour se préparer une vieillesse sereine et épanouie
(Je préfère retraite ou vieillesse sereine et épanouie à retraite réussie car le corollaire de réussir est échec! Et ce n’est pas du tout cela que je veux propager dans mes formations et mes écrits… Et pourtant, nombre d’études publiées par des spécialistes, ou encore des congrès utilisent cette expression: vieillesse réussie. Qu’en pensez-vous? N’hésitez pas à m’écrire pour me donner votre avis!)
Voici une liste de ce que des ainés interrogés lors de diverses enquêtes considèrent être les principaux ingrédients d’une vieillesse réussie. C’est ce que j’entends souvent aussi durant mes formations.
Changer tout en continuant
– Jouir au maximum de la vie même si elle n’est pas toujours rose, et apprécier chacun des plaisirs du quotidien, malgré les pertes et les changements causés par le vieillissement.
– Adapter nos sources de plaisir à nos nouvelles possibilités.
– Assurer une continuité dans notre vie malgré les changements, tant sur le plan des idées et des expériences que sur celui de l’environnement physique et social.
Optimisme et bonne humeur
– Conserver notre optimisme et notre bonne humeur quoi qu’il arrive et ne pas nous laisser déprimer par les événements.
– Adopter une attitude positive face aux pertes induites par la retraite.
– Miser sur nos points forts et notre potentiel de croissance plutôt que sur nos déficits.
– Accepter la responsabilité de notre vie.
Santé et vitalité
– Accepter la présence quasi inévitable de problèmes de santé et de certains handicaps, mais pouvoir assurer nous-même, sans aide, nos propres soins d’hygiène personnelle et d’entretien de notre logement.
– Demeurer suffisamment alerte intellectuellement pour apprendre encore.
Relations interpersonnelles
– Être entouré de personnes chaleureuses, généreuses, responsables et solidaires et tisser des liens d’affection et d’échanges avec elles.
– Privilégier les échanges intergénérationnels.
Buts et activités
– Dans la mesure de nos capacités, demeurer actif, avoir toujours des buts et des projets à réaliser et des défis à relever.
– Continuer nos activités d’avant, mais renoncer toutefois à celles qui sont devenues trop inaccessibles ou les rajuster en fonctions de nos capacités.
– Ne pas chercher à modifier l’environnement pour l’adapter à nos propres besoins.
Alléger notre vie
– Nous départir de tout ce qui alourdit notre vie, par exemple, quelques meubles, livres, vieilleries, souvenirs, mais aussi des images et des conceptions désuètes de nous-même.
– Délaisser lentement ce qui est accessoire pour nous tourner vers l’essentiel.
Pour finir…Quelques rappels des grands apprentissages du cycle de la vie adulte
Entre 55 et 65 ans. Il y a de la joie à s’accepter soi-même et à accepter son partenaire de vie
– Accepter lucidement de vieillir et de s’y ajuster
– Développer la reconnaissance positive de soi
– Aller jusqu’au bout dans la poursuite de ses objectifs
– Se préparer activement à la retraite
– Apprécier l’importance de son partenaire de vie
Après 65 ans. Vivre pleinement le présent tout en regardant la mort en face
– Apprendre à se désengager sans perdre sa créativité
– Évaluer sa vie de façon positive et réaliste
– S’ouvrir davantage à la foi et à l’espérance
– Intensifier les relations avec son partenaire de vie
– S’entraîner au départ possible de l’autre
– Accepter une plus grande dépendance sans perdre l’estime de soi
Pour en apprendre davantage sur les taches développementales de chacune des étapes du grand cycle de la vie, vous pourriez vous procurer mon livre Relire sa vie. 21 récits pour vous guider dans lequel je les ai développées, en attendant une toute nouvelle édition sur les passages de la vie.
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