Le sens de la vie, un appel intérieur, notre « mission » depuis notre naissance
Se préoccuper autant du sens personnel que du sens «spirituel» de notre vie, à la retraite, mais surtout avant…
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure de 16 livres, conférencière et biographe
Dès que vous trouvez un sens profond ou une raison d’être à la vie – la vôtre ou celle d’autrui – et à vos actions, sachez que vous êtes en train de découvrir le lien le plus intime qui soit et qui nous unit à l’univers tout entier. Ron Potter-Efron
Ce texte est extrait de La retraite en vue ? En route vers de nouveaux défis et aventures !, Transitions de vie, 2021, p. 99-104.
ainsi que de Qui suis-je? 73 tests pour le découvrir, Transitions de vie, 2021.
Le sens de la vie est cet appel intérieur puissant qui s’actualise dans nos choix de vie et nos actions.
Dès que nous découvrons ce qu’il signifie vraiment pour nous:
– nous assumons le plein contrôle de notre existence
– notre énergie est décuplée
– nos angoisses existentielles se font beaucoup plus discrètes
– nous sommes prêts à aller à la rencontre des autres
– nous sommes en mesure d’affronter les difficultés
– nous pouvons profiter tout simplement des bienfaits et des plaisirs de notre existence
Le sens de notre vie, notre « mission » est déjà en nous dès notre naissance. Cette mission ne nous quitte pas jusqu’à notre mort.
Assez stable, elle se transforme cependant quelque peu au contact du milieu culturel, éducatif, familial et religieux dans lequel nous évoluons ainsi que des changements et des transitions importants auxquels nous devons nous adapter : difficultés, déceptions, maladies, succès, amours, grandes joies, pertes.
UN GRAND VIDE EXISTENTIEL POUR PLUSIEURS
Tout en menant une vie en apparence équilibrée et épanouie, de plus en plus de gens font face à un grand vide existentiel. Ils se rendent compte qu’ils sont envahis par des valeurs de consommation, de compétition et de réussite auxquelles il leur est difficile d’échapper tant ils sont pris dans l’engrenage..
Ils aspirent à plus de sérénité, de calme et, surtout, d’équilibre entre leur vie matérielle et leur vie intérieure et spirituelle.
Le brouhaha, la cohue et la rapidité auxquels nous sommes sans cesse soumis ne laissent malheureusement pas beaucoup d’espace et de place à ce genre de préoccupation jusqu’à ce que, soudainement, une catastrophe se produise, par exemple un congédiement, la perte de l’être aimé, un accident ou la maladie.
LA RETRAITE ET LE SENS DE LA VIE
L’entrée dans la retraite nous amène immanquablement à nous poser des questions sur ce que notre vie sera dorénavant, quel sens lui donner, quoi faire et comment bien vieillir jusqu’à la fin
Avec la disparition progressive des dogmes religieux et des traditions, au même rythme que nous avons gagné notre liberté et notre indépendance de pensée et d’action (tout au moins dans certains pays), nous avons perdu bon nombre de repères.
Nous sommes maintenant seuls et sans mode d’emploi pour répondre à ces questions existentielles et nous sortir de notre angoisse d’insignifiance.
Il est facile de comprendre alors pourquoi le monde compte 300 millions de personnes dépressives puisque cette maladie résulte surtout de notre mode de vie en accéléré et sans répit.
Certains vont alors se soumettre à de nouveaux dogmes ou se contenter d’imiter les autres, surtout ceux à qui tout semble réussir.
Un peu comme des chacals, certains charlatans, à la morale et à l’ésotérisme douteux, rôdent pour profiter de cette vulnérabilité.
Ils proposent des modes de vie et des formations, parfois hors de prix, qui font souvent plus de mal que de bien.
Les réseaux sociaux contribuent à en propulser une abondance dans le cyberespace.
Ceux qui n’ont pas appris à penser par eux-mêmes et à développer un bon esprit d’analyse critique se laisseront plus facilement prendre au piège.
Heureusement, il y a tous les autres, honnêtes, généreux et consciencieux, aux valeurs hautement humaines. Le septième secteur d’activités de ce livre (La retraite en vue ?), Aider et protéger. L’altruisme à son meilleur leur est consacré.
LE SENS PERSONNEL ET LE SENS SPIRITUEL
Le sens de la vie est cet appel intérieur puissant qui s’actualise dans nos choix de vie et nos actions
Pour accéder au sens spirituel, nous devons nous affranchir d’une conception du bonheur trop matérialiste. Il n’est pas nécessaire pour cela, de vivre dans le dénuement ou la pauvreté !
– Le sens personnel se trouve et se construit à travers le travail, la créativité, l’acquisition de connaissances et la constante amélioration de soi.
– Le sens spirituel se bâtit aussi à travers le travail et surtout l’amour et l’amitié désintéressés, la générosité et le partage, la protection des autres ainsi que l’engagement dans des causes (environnement, droits de la personne…), ou encore lorsque nous prenons conscience que nous sommes en relation avec quelque chose de plus grand que nous.
*J’ai intégré également le travail dans le sens spirituel, car il peut tout aussi bien un moyen de transcender notre personnalité qu’un moyen de boucler notre budget. L’un n’exclut pas l’autre.
LA VIE QUI A DU SENS: QUELQUES SIGNES
Puisque la quête de sens est intime et personnelle, il n’existe pas vraiment de critères pour l’évaluer. Elle se manifeste cependant à travers nos attitudes, nos comportements et nos habitudes de vie, mais surtout à travers le bien-être général qui émane de nous
En voici quelques-uns
Quand notre vie a du sens…
– Nous nous sentons libres de mener notre vie à notre façon, tout en assumant totalement la responsabilité de nos actions
– Nous sommes convaincus que nos actions contribuent à améliorer le sort des gens autour de nous et celui de l’humanité aussi, par exemple, par notre engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique
– Nous nous sentons bien acceptés et accueillis, partout : famille, couple, amis, collègues de travail ou partenaires d’activités.
– Nous sommes entourés de personnes qui partagent nos valeurs (tolérance, générosité, entraide) et qui ne se plaignent pas sans cesse de leur sort.
– Nous faisons passer les besoins des autres avant les nôtres quand cela est nécessaire.
– Nous restons fidèles à nos valeurs, quoi qu’il arrive. Notre morale n’est pas élastique.
– Nous ne nous laissons pas influencer ou manipuler par qui que ce soit, autant dans nos choix de vie que dans nos convictions.
– Nous avons encore confiance en la vie, malgré tout ce qui s’y passe de difficile : violence, corruption, guerres, attentats, dégradation du climat notamment.
– Nous avons réussi à nous détacher du passé, sans le renier, en plus de nous libérer des entraves qui tentaient de nous empêcher d’avancer.
– Nous nous réservons, chaque jour, du temps pour réfléchir et méditer dans le silence.
– Nous sommes convaincus d’appartenir à quelque chose de plus grand que nous.
PRINCIPAUX SIGNES DU VIDE EXISTENTIEL
L’absence de sens n’est pas une maladie, ni un défaut, ni une honte
Il s’agit plutôt d’un appel à repositionner sa vie, à penser à soi, à se délester de pensées, de choses et de gens qui nous empêchent de nous remettre en question et d’évoluer. Mais lorsque la vie semble trop lourde à supporter et à gérer, il est temps de se faire accompagner pour y voir un peu plus clair et pour éviter de compromettre sa santé
Extrait du livre La retraite en vue?
Il est assez facile de déceler les signes du vide existentiel dans la vie d’une personne. Ils se manifestent visiblement dans ses comportements. Voici les principaux
– repli sur soi – manque d’énergie
– insatisfaction chronique
– troubles somatiques – maladie
– dépression
– accidents à répétition
– dépendances – abandon de sa volonté à autrui
– ou, au contraire, recherche effrénée du pouvoir, de la gloire, de l’accumulation de biens et du désir de gagner de plus en plus d’argent
Lorsque le vide existentiel devient insoutenable, l’agressivité et parfois la violence, la dépression et les idéations suicidaires sont souvent au rendez-vous
Si vous pensez que votre vie ou celle d’un proche manque de sens, voici quelques pistes pour faire le point
Le totale de vos réponses « toujours » (T) et « souvent » (S) devrait vous donner un bon indice.
Quand le vide existentiel prend trop de place..
– Je ne me sens pas à ma place au travail, dans mes loisirs et avec les autres, y compris avec ma famille et mes amis.
– Je me lance souvent dans de nouveaux projets, mais je perds rapidement mon enthousiasme et mon intérêt. C’est toujours à recommencer et cela me décourage terriblement.
– Je suis si souvent insatisfait et triste sans véritable raison que cela me gêne de sortir de chez moi.
– Je me réveille souvent la nuit tant mon avenir m’inquiète.
– Je me sens souvent coupable de ce que j’ai fait ou de ce que j’aurais pu faire pour les autres.
– J’ai l’impression d’être passée à côté de l’essentiel de ma vie, mais je ne sais pas comment m’en sortir. Je sais que je peux vivre bien mieux que cela.
– Je me sens prisonnier des personnes et des événements, mais je ne sais pas comment m’en dégager.
– Je ne peux pas mettre à contribution mes talents et mes capacités ni même vivre en fonction de mes valeurs. Que puis-je faire de ma vie, alors ?
– Je m’étourdis parfois dans les excès (ex. nourriture, cigarettes, médicaments, achats compulsifs, alcool, drogues, aventures sexuelles).
– Je ne sais pas comment surmonter cette fatigue qui m’habite continuellement même si je ne fais pas grand-chose.
Notre mission de vie nous chuchote souvent à l’oreille ce qui est bon pour nous. Il faut l’écouter et la laisser venir à soi, car on ne peut la forcer
LA LOGOTHÉRAPIE: LA THÉRAPIE DU SENS
Le professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie Viktor Frankl, à l’origine de la logothérapie, la thérapie du sens, avait coutume de demander à ses patients qui souffraient beaucoup de leurs difficultés pourquoi ils ne se suicidaient pas pour y mettre fin
Leurs réponses ? L’amour pour leurs enfants, un don ou un talent dont ils voulaient encore faire profiter les autres ou une cause dans laquelle ils étaient engagés et qu’ils ne voulaient pas abandonner.
Intéressant, non ?
Vous vous souvenez probablement de ces quelques besoins fondamentaux qui contribuent à donner un sens à notre vie, dont j’ai traité au premier chapitre de La retraite en vue? (tout comme les valeurs, d’ailleurs).
– contribuer – être significatif
– recevoir de la reconnaissance – se sentir utile
– grandir, évoluer
– amour, affection – sentiment d’appartenance
en plus de ceux de sécurité, de défis et d’aventures.
Vous pouvez lire ici plusieurs pages du livre de Viktor Framkl : Découvrir un sens à sa vie grâce à la logothérapie (éditions de l’homme)
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Lorsque j’ai réalisé mon livre Quoi faire à la retraite: 8 secteurs d’activités, et, par la suite, sa mise à jour et sa refonte complète: La retraite en vue? En route vers de nouveaux défis et aventures, je ne me suis pas bornée à dresser, en vrac, une liste de milliers d’idées d’activités sans lien les unes avec les autres.
À la retraite, il n’est en effet pas question «d’occuper» son temps, de remplir son agenda (par peur du vide ou pour «épater la galerie»?) ou d’être actif à tout prix.
Il est surtout temps de savourer encore la vie devant soi.
Voilà comment y parvenir…
Vivre, aimer, créer, apprendre, partager, protéger… trouver le sens