Par Marie-Paule Dessaint, Ph. D. auteure, conférencière et biographe
Faire du changement un allié
La vie est une aventure. Sinon elle n’est rien Helen Keller
Extrait de Cap sur la retraite. 25 points de repère pour franchir les transitions, p. 15 à 17
La vie n’est que changement, Tout évolue, jour après jour: relations, travail, santé, besoins, environnement.
Tout changement important s’accompagne d’une transition plus ou moins importante, plus ou moins peceptible.
Il s’agit en quelque sorte d’une voie de passage obligée vers l’acceptation du changement et son intégation dans notre vie, d’une porte tournante entre ce que nous étions, ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous cherchons à devenir.
Ce processus est interne, psychologique et subjectif, alors que le changement proprement dit est extérieur à soi.
Le changement peut être choisi ou imposé
Choisi, s’il s’agit de déménager, par exemple, de se marier ou de quitter une relation qui emprisonne ou de modifier des habitudes qui nuisent plutôt que servir: fumer, trop manger. Dans ce cas, même si la transition peut sembler difficile, puisqu’elle met la vie et les habitudes sens dessus dessous, elle porte aussi en elle beaucoup d’espoir et d’enthousiasme, voire de fierté et d’estime de soi.
La transition est bien plus douloureuse, on s’en doute, quand le changement est imposé: congédiement, promotion refusée, retraite forcée ou inattendue, abandon par l’être aimé, deuil ou maladies graves qui hypothéqueront le reste de l’existence.
Dans ce cas la transition pourra aussi s’accompagner, dans les premiers temps, de sentiments et d’émotions particulièrement difficiles: injustice, rejet, inutilité, abandon, humiliation, honte, culpabilité, apitoiement sur soi, tristesse, déception, amertume et solitude.
Une transition en trois phases
Dans son ouvrage Les transitions de vie, William Bridges divise les transitions en trois phases (ou étapes) : la fin, la zone neutre et le renouveau. Ces étapes correspondent au changement, à la transition proprement dite, puis à l’intégration du changement dans la vie, c’est-à-dire l’adaptation.
Reconnaissez vous ces étapes dans vos propres transitions de vie?
Le changement. C’est la fin; le détachement, le départ pour le grand voyage
C’est le moment de se jeter à l’eau, de se séparer, de se détacher et d’abandonner ses habitudes sécurisantes, sa zone de confort, les lieux et les visages familiers, son statut social, le pouvoir et probablement aussi certains rêves
– Déséquilibre, bouleversement, fébrilité, espoir et inquiétude font souvent partie du voyage.
– La personne est très préoccupée par le changement. Elle y consacre beaucoup d’énergie.
– Elle se sent parfois dépassée par les événements et bien seule aussi.
La transition. C’est la zone neutre; l’entre deux, l’incertitude, seul sur son radeau
Cette période est plutôt déstabilisante car, tout en s’efforçant de renoncer aux anciennes façons de faire, il s’agit, en même temps, d’en trouver de nouvelles, de préparer l’avenir, de poser des jalons, de prendre des décisions et de trouver d’autres repères
– La personne est physiquement détachée des gens et des choses du passé, mais elle n’a pas encore réussi à s’attacher au présent, notamment sur le plan émotif.
– La confusion, la fatigue, l’angoisse, l’anxiété, la nervosité et l’irritabilité sont parfois aussi du voyage, tout comme des problèmes de santé, petits et grands, associés au stress : sommeil perturbé, problèmes de mémoire, symptômes psychosomatiques et autres.
Cela est normal, mais il s’agit de ne pas les laisser prendre le dessus.
Le doute l’assaille aussi de toutes parts.
Bien des justifications rationnelles, une prudence exagérée ou la peur de l’opinion d’autrui se chargeront de mettre à l’épreuve sa motivation.
La tentation est grande de résister au changement et de faire «marche arrière» surtout si, en chemin, d’autres occasions et d’autres tentations plus faciles ou plus agréables se présentent, un peu comme pour le tester.
Certains voudront même attendre passivement que quelqu’un prenne les décisions à leur place.
Ces hésitations sont saines et normales puisqu’elles permettent d’éviter de commettre des erreurs, mais elles peuvent aussi pousser à l’abandon ou à faire traîner les choses en longueur au risque de les voir avorter. Il faut garder espoir et continuer à avancer; un petit pas à la fois.
C’est le moment propice pour se faire accompagner.
L’intégration. C’est l’arrivée à destination; le commencement, le nouveau départ
Doute, frustration, inquiétude cèdent maintenant la place à l’espoir, au soulagement, à l’enthousiasme, à la satisfaction et souvent aussi à la fierté
Tout à coup, toutes les possibilités, toutes les propositions que la vie a faites deviennent réalité.
Les avantages l’emportent sur les inconvénients et les risques sur les résistances et les blocages.
– Les obstacles sont tombés. La vue est dégagée; le monde est différent.
– L’avenir semble plus serein même s’il faut encore y consacrer du temps et des énergies.
– Le changement s’intègre peu à peu à la vie et il n’est plus aussi préoccupant.
– La vie continue avec de nouveaux plans et de nouvelles façons de voir les choses, le monde et soi-même. La transition est terminée; l’adaptation est quasiment terminée.
Vive le changement! Vive la vie!
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