Vous parlez-vous à voix haute ? Si oui, quand et pourquoi?
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Soliloquer à voix haute permet de clarifier ses pensées, d’y mettre de l’ordre, de percevoir ce qui est important et de valider ses décisions les plus difficiles. Se parler à voix haute permet aussi de mieux contrôler ses angoisses et de renforcer la confiance en soi. Ce serait même un signe d’intelligence. Sources : demotivateur.fr et lepoint.fr
Je traite de ce sujet dans la section mémoire et intelligence, car parler à voix haute, à soi-même ou à une personne absente et même décédée, est une stratégie parmi d’autres pour clarifier notre pensée et prendre des décisions éclairées.
Aussi, en lisant, plus bas, ce qu’ont dit des personnes «normales» qui s’adonnent à ce petit plaisir intime, on se sent moins « bizarre » d’en faire autant. Bien au contraire!
Plusieurs personnes que j’accompagne dans la réalisation de leur récit de vie (autobiographie) m’ont d’ailleurs confié recourir à cette stratégie en écrivant afin de mieux organiser leurs souvenirs et leur donner une cohérence.
Et puis, ce sujet fait sourire un peu! Pourquoi s’en priver!
Tout comme celui de mâcher du chewing-gum, d’ailleurs! Des études ont en effet montré son efficacité pour mieux se concentrer, être attentifs et plus productifs au travail (oui, oui).
Voici, tout d’abord, une petite histoire, la mienne, d’il y a plusieurs années (toujours pour sourire) à l’origine de cette question que j’ai posée sur Facebook et à laquelle plusieurs personnes ont répondu spontanément.
Je dresse ensuite une liste de ce que les spécialistes de la question disent à propos des circonstances dans lesquelles nous nous parlons à voix haute.
Puis, je vous propose de lire ce que ces quelques «véritables experts» qui pratiquent cet art avec plaisir ont répondu à ma question sur Facebook.
La petite histoire de ma question à propos de l’habitude de se parler à voix haute
Celui qui fouille Internet pour vérifier s’il est fou de se parler à haute voix découvrira des résultats de recherche scientifique plutôt encourageants. Claudie Bugnon
En 2017, je voulais chasser de ma vie quelqu’un à qui je tenais pourtant beaucoup, mais qui ne le méritait plus.
Pour cesser d’y penser, j’ai écouté à plusieurs reprises des séances d’autohypnose consacrées au lâcher-prise.
Mon cerveau s’est donc imprégné de certains exercices conseillés.
L’un des sites consultés proposait de dire mentalement au « Prince charmant » de prendre un autre chemin que le mien et, ce faisant, de le voir réellement partir (déguerpir!).
C’est ce que j’ai décidé de faire.
Voilà comment!
Je marchais dans la rue et, sans m’en rendre compte, je me suis mise à parler brièvement au «Prince charmant», à voix haute, gestes à l’appui, pour lui signifier de me laisser en paix!
À un carrefour, je lui ai suggéré de prendre à droite pendant que je continuais mon chemin joyeusement et librement, sans lui.
Je le voyais (l’imaginais) vraiment.
Cette technique est très efficace, mais risquée pour l’orgueil dès que l’on se rend compte que, pendant que l’on se fait ainsi la conversation, en se croyant seul au monde, quelqu’un derrière soi nous entend
Je me souviens encore de ce petit sourire narquois qui en disait long lorsqu’une « ombre » m’a dépassée.
Je me suis donc posé des questions à propos de ma santé mentale (Mais non, mais non!).
Ce n’était pas la première fois que je me parlais ainsi tout haut, seule chez moi ou pendant mes randonnées quotidiennes dans la nature.
Je suis d’ailleurs une adepte de ce type d’autothérapie.
Je chantonne aussi en inventant les paroles du moment!
À deux voix!
Si je dois, par exemple, prendre une décision importante ou s’il y a un problème à résoudre, même simple, au quotidien, je me fais naturellement la conversation à deux voix totalement différentes (l’une d’elles est plutôt narquoise!) et à deux opinions (mes deux cerveaux?)
L’une est raisonnable et critique, alors que l’autre me demande d’être indulgente à mon endroit.
Je ne vous répète pas les propos parfois cavaliers que ma voix moins sage et narquoise, mais efficace utilise parfois pour répondre à la voix raisonnable.
Synthèse d’une recherche sur cette habitude, un peu bizarre de se parler à voix haute
Pour nous défouler dans les moments de colère, de peur et de tensions
Ce que j’ai découvert est plutôt intéressant.
Nous nous parlons à voix haute…
– Lorsqu’une action nécessite de la vigilance et de la précision.
– Pour nous encourager, nous-mêmes et nous réconforter.
– Quand nous voulons nous réprimander.
– Quand la pression anxieuse est trop élevée.
– Pour entendre une voix légitimer notre existence, même s’il s’agit de la nôtre.
– Pour nous dire d’arrêter (stop! arrête!) quand notre discours intérieur est trop critique ou triste. Ou encore s’il s’installe trop longtemps.
– Quand nous voulons nous libérer d’un trop plein de pensées.
– Pour nous sécuriser dans les moments de tension.
– Pour nous motiver.
– Pour nous défouler dans les moments de colère, de peur et de tensions.
– Dès que nous devons affronter une situation difficile.
– Pour nous aider à résister au stress. Cette stratégie est bien efficace en vieillissant.
– Si personne n’est disponible pour nous parler alors que nous nous ennuyons.
– Pour mieux nous concentrer.
– Pour matérialiser nos pensées; leur donner vie.
Êtes-vous d’accord?
Aimeriez-vous ajouter quelque chose?
Et qu’en disent ceux et celles qui s’adonnent à ce «sport» régulièrement?
Voici la question que j’ai posée sur Facebook et quelques réponses intéressantes, parfois drôles et inattendues.
J’ai fini par intégrer cette question et toutes les nombreuses réponses que j’ai obtenues dans le livre 101 questions essentielles pour s’interroger sur le sens de la vie.
Vous parlez-vous parfois, à voix haute, même dans la rue? Pourquoi, d’après-vous faisons-nous cela?
Voici ce que les «vrais experts» ont répondu…
Évelyne Ramellet
J’implore aussi mes « anges gardiens » et j’ai l’impression que ça marche même si je suis athée
Oui, tous les jours, dans toutes les situations et surtout au volant de ma voiture où je demande souvent conseil à mon papa qui nous a quittés il y a quelques années et à qui je ne demandais jamais rien.
J’ai perdu ma pudeur à cet égard et c’est tant mieux.
J’implore aussi mes « anges gardiens » et j’ai l’impression que ça marche, donc je les remercie toujours à haute voix !
Pour une personne athée comme moi, c’est un anachronisme et ça me prouve juste que je suis un être humain comme tous les autres : je crois en ce qui m’arrange !
Claudie Bugnon
C’est l’école qui nous apprend à nous taire
Oh que oui et souvent (un peu moins dans la rue que dans mon bureau, cependant).
À bien y penser, les enfants se parlent beaucoup à voix haute.
C’est l’école qui nous apprend à nous taire.
Celui qui fouille Internet pour vérifier s’il est fou de se parler à haute voix découvrira des résultats de recherche scientifique plutôt encourageants.
Il s’agit d’une stratégie intelligente pour visualiser ce que l’on cherche à trouver et prendre des décisions plus rapidement. Alors oui, je continue de pratiquer le langage privé à voix haute.
C’est bon pour la santé et l’efficacité!
Pascal Drouin
Parfois, je dialogue avec mon enfant intérieur et cela lui permet de s’exprimer
Cela m’arrive, bien sûr, mais en m’assurant que personne ne m’entende!
Ce dialogue que je tiens avec moi-même me permet de réfléchir et d’agir en prenant la décision la plus juste ou de faire le point sur un comportement erroné de ma part.
Je peux alors décider comment y remédier.
Il m’arrive de me juger et de me flageller. Oups!
Parfois, je dialogue avec mon enfant intérieur et cela lui permet de s’exprimer.
Certains diront que je suis un peu barré ou cinglé, mais ce n’est pas grave. J’assume.
Christine Dessureault
Lorsque je me parle à haute voix, j’assimile et me souviens mieux. Si on me regarde, je m’en fous
Me parler à voix haute m’aide dans la gestion de ce que j’ai à faire.
Je le fais souvent au risque de me faire passer pour une personne bizarre.
Lorsque je me parle à haute voix, j’assimile et me souviens mieux.
Par exemple, si je pars faire des courses en ayant quatre articles à acheter, je me les répète à voix haute deux ou trois fois de suite avant de partir.
Pendant mon parcours, je me redis cela discrètement à voix haute afin de renforcer ma mémoire et mon attention.
Si on me regarde, je m’en fous. Je suis tellement habituée d’avoir les yeux rivés sur moi, en tant que musicienne, que cela ne m’atteint plus.
Marie-Paule Dessaint
Dans ma voiture, je donne carrément mon cours, à haute voix
Oui, bien sûr. Comme je l’ai expliqué en introduction, un peu trop souvent et un peu n’importe où.
J’aime bien le faire dans ma voiture quand je suis dans les embouteillages alors que je me déplace pour aller donner une formation.
Je donne carrément mon cours, à haute voix.
Ce moment de paix et de confinement me permet de me concentrer sur ce que je vais donner.
Même si je connais ma matière, cela me permet de structurer mon intervention et de faire remonter à ma mémoire les notions les plus importantes et de reléguer à l’arrière-plan toutes les autres préoccupations.
Et puis, avouons-le, c’est un moyen de se calmer les nerfs dans un embouteillage… au lieu d’invectiver sur le monde, comme plusieurs le font.
Ah! J’oubliais! Je chatonne parfois (sans paroles) au lieu de me parler.
Et parfois, je ne me contente pas de chanter : j’improvise et je crée spontanément les paroles d’une chanson qui manifeste mon contentement ou ma mauvaise humeur envers quelqu’un ou un événement!
Et là, je chante bien fort, bien haut et volontairement… faux (au fait! Suis-je capable de chanter… vrai?), mais pas dans la rue. Je tiens quand même à ma réputation!
Depuis quelque temps, il m’arrive de chanter bien fort, seulement ces mots empruntés au groupe Snap, «I’ve got the power», histoire de me motiver et de décupler mon énergie
À chacun sa méthode!
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Si je raconte ma vie, c’est avant tout pour la construire. Pour donner du sens. Comme toutes les vies, elle a charrié beaucoup de «pourquoi» pendant de longues années. Beaucoup de souffrances aussi. Raconter ma vie, c’est mettre du sens dans l’enchaînement de ces étapes. C’est apporter des réponses à des questions restées trop lourdes pendant longtemps. C’est aussi m’assurer du sens de ma boussole, c’est-à-dire de poser des choix pour l’avenir. Relire ma vie, c’est mettre un moteur sous mon capot! Samuel, 43 ans
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