Planifier une entrée en résidence de retraite: bien des questionnements et des émotions…
Par Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation, auteure, conférencière et biographe
Extrait de Cap sur la retraite. 25 points de repère pour franchir les transitions, point de repère 21 (Aider sans vous brûler) p. 269 à 270
Prendre cette décision d’aller vivre en résidence de retraite, pour soi-même ou persuader nos parents âgés de faire le grand saut est on ne peut plus délicat et déchirant, tant la raison et les émotions se mêlent et s’emmêlent tout à la fois
.. .sécurité, libération d’un fardeau, dépendance, autonomie, solitude, nostalgie du passé, perte de territoire, amour filial, ingratitude, affection, impuissance, épuisement, dépression, rejet, abandon, sens du devoir, culpabilité, amertume, préoccupations financières, deuils et pertes diverses, ainsi que, pour certains, impression d’entrer dans l’antichambre de la mort.
Vous avez certainement déjà entendu ce type de réflexion, ou vous y avez peut-être pensé vous-même…
Je vous invite à faire le point sur ce sujet délicat de la transition entre «chez soi» et l’entrée dans une maison de retraite et, si vous le souhaitez, m’écrire pour me donner votre avis ou me parler de votre propre expérience... si vous souhaitez en faire profiter les autres.
FINIR SES JOURS CHEZ SOI?
La grande majorité des gens souhaitent finir leurs jours chez eux, là où se trouve tout ce qui les attache à la vie: environnement familier (lieux, gens, commerce, services, lieux de culte), repère, habitudes et souvenirs
Malheureusement, un jour ou l’autre, souvent entre 78 et 80 ans et parfois avant, vient un moment où l’épineuse question du déménagement dans une résidence de retraite se pose, autant pour les personnes âgées que pour leur entourage.
Les motifs sont variés:
– Désir de se délester des tracas du quotidien pour profiter au maximum des années qui restent à vivre avec le moins de responsabilités possible.
– Difficultés grandissantes à entretenir seul son domicile: réparations, jardinage, déneigement, ménage.
– Incapacité à assumer ses propres besoins de base: hygiène, toilette, préparation des repas.
– Difficultés à obtenir suffisamment d’aide à domicile.
– Problèmes de santé physique et mentale qui nécessite une surveillance et des soins quotidiens.
– Conjoint ou conjointe en mauvaise santé dont on il est difficile, voire impossible de prendre soin.
– Impression d’en demander trop et de déranger son entourage,
– Épuisement et parfois dépression des proches aidants.
– Perte de son compagnon ou de sa compagne de vie.
VIVRE EN RÉSIDENCE: UNE TRANSITION VERS DAVANTAGE DE BIEN-ÊTRE?
Prendre la décision d’aller vivre en résidence, pour soi-même, ou persuader un parent âgé de faire le grand saut est délicat et déchirant
Ce sera ma dernière demeure avant de mourir, une sorte de mouroir de luxe, mais je vais le faire… (commentaire d’un participant à une de mes conférences)
Une transition vers davantage de bien-être? C’est le titre de la conférence interactive que j’ai eu l’occasion de prononcer dans une résidence de retraite de grand luxe pour personnes autonomes ou semi-autonomes.
Le point d’interrogation à la fin du titre est important puisque s’installer à longueur d’année dans une sorte de Club Med où tout est disponible peut en rebuter plusieurs.
Et cela malgré une cuisine gastronomique, le golf à proximité, un centre sportif et une immense salle de conférence ou de cinéma.
La première intervention que j’ai entendue le jour de ma conférence était d’ailleurs.
Prendre cette décision pour soi-même ou persuader un parent âgé de le faire est on ne peut plus délicat et déchirant tant la raison et les émotions s’emmêlent tout à la fois:
sécurité, libération d’un fardeau, dépendance, autonomie, solitude, nostalgie, perte de territoire, amour filial, ingratitude, affection, impuissance, épuisement, dépression, rejet, abandon, sens du devoir, culpabilité, amertume, préoccupations financières, deuils et pertes diverses, ainsi que, pour certains, impression d’entrer dans l’antichambre de la mort…
ENVISAGER L’ENTRÉE EN MAISON DE RETRAITE: RÉFLEXIONS D’AÎNÉS ET DE LEUR FAMILLE
Vous avez certainement déjà entendu ce type de réflexion, ou vous y avez peut-être pensé vous-même
Une aînée. Mes enfants ont décidé de me « parquer » dans une résidence de retraités pour ne plus être dérangés
Dans mon temps, les enfants hébergeaient leurs vieux parents chez eux
– C’est un mouroir, je ne serai qu’avec des vieux malades, incontinents et séniles.
– Je vais perdre mes habitudes et les gens que je fréquentais dans mon quartier.
– Je vais devoir me débarrasser de la majorité de mes meubles de famille et de certains souvenirs.
– Je ne suis pas certaine de supporter cela longtemps.
Sa famille. Elle sera davantage en sécurité
Cependant, nous devons être prudents et attentifs dans le choix d’une résidence. Tous les cas de maltraitance rapportés dans les médias sont plutôt alarmants. Notre mère ne mérite pas cela.
– Nous ne serons plus inquiets, jour et nuit, pendant que nous sommes au travail ou absents.
– Elle mangera mieux, sera bien encadrée et soignée immédiatement, dès que nécessaire.
– Quelqu’un contrôlera ses médicaments, afin qu’elle n’oublie pas de les prendre ou d’éviter qu’elle les prenne en double.
– Si elle tombe, comme cela est déjà arrivé, quelqu’un pourra venir rapidement à son secours.
– Elle rencontrera des gens de son âge.
– Nous pourrons aller la voir souvent et consacrer ce temps précieux à être bien ensemble, plutôt qu’à régler constamment des problèmes.
Un couple d’aînés. Il est temps pour nous de déménager dans une résidence de retraite
Nous sommes fatigués d’entretenir notre maison, de passer la tondeuse, de déneiger l’entrée, d’aller faire les commissions
– Nous nous sentons aussi un peu isolés et pas toujours en sécurité.
– Nous allons choisir un endroit correspondant à nos besoins et à nos intérêts, qui respecte aussi notre intimité et propose des activités et des services qui conviennent à notre âge.
– Nous allons pouvoir nous amuser, sortir, faire connaissance avec de nouvelles personnes.
– Vieillir en paix et dans la sécurité, c’est précieux.
Et, si nous n’obtenons pas les services que l’on nous a promis, nous allons nous faire entendre et nous défendre. Pas question de se taire comme l’a fait et le fait encore la génération de nos parents, celle que l’on appelait parfois « la majorité silencieuse »
Elle. Je n’en peux plus. Mon vieux père vit avec moi depuis bien des années
Je suis à la retraite et je ne peux même pas prendre une semaine de vacances tant je m’attends à une catastrophe chaque fois que je m’absente, ne serait-ce qu’une journée.
– Je ne veux pas que mon père aille dans une maison de retraite
– je suis si épuisée que je ne suis pas certaine de tenir le coup longtemps, même si j’ai un peu d’aide des divers services gouvernementaux (services à domicile).
Elle. J’ai accueilli ma mère chez nous dès qu’elle a commencé à être dépressive après le décès de notre père
Elle nous a toujours dépannés, s’est trop souvent sacrifiée pour ses enfants. À mon tour de l’accompagner comme elle l’a fait pour nous tous
– Ce n’est pas toujours facile pour moi, ni même pour elle, qui a dû quitter la maison où elle a passé toute sa vie, mais c’est incroyable comme cette expérience nous a tous rapprochés.
– Elle apporte aussi une forme de stabilité à la famille.
– Mes enfants et mes frères et sœurs adorent la trouver à la maison quand ils y viennent, un peu comme autrefois.
– Chacun apporte aussi sa contribution, tant matérielle qu’affective. Cela me soulage beaucoup.
– Je ne peux pas profiter de ma retraite comme je l’espérais, mais je me demande souvent quelle est la valeur des loisirs en comparaison de la qualité de cette relation?
Et vous? Qu’en pensez-vous? Que feriez-vous?
UNE SOLUTION D’HÉBERGEMENT À LA RETRAITE POUR CHAQUE SITUATION, CHAQUE ÉTAT DE SANTÉ, CHAQUE BUDGET
Voici quelques possibilités
(Vos suggestions sont les bienvenues pour compléter cette section)
Si vous le désirez, vous pouvez me contacter ici
– Au Québec: les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), publics ou privés subventionnés
(Personnes à mobilité réduite ou à la santé précaire nécessitant plusieurs heures de soins par jour: environ 4% des aînés)
– Les résidences de retraite privées, luxueuses ou plus modestes
Au Québec
Vivre en résidence – Répertoire #1 des résidences pour personnes âgées et retraitées (avec prix)
– En France: les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
Annuaire des EHPAD et comparateur de prix et restes à charge | Pour les personnes âgées
(sur ce site, voir aussi l’annuaire des résidences autonomie et Résidence services)
– Les centres d’hébergement (CH)
(Adultes ou personnes en perte d’autonomie qui peuvent participer à des activités auxquelles leur famille est conviée)
– Les pensions familiales
– Les villages de retraités, dans son pays ou carrément à l’étranger.
Dans tous les cas, la décision de déménager dans une résidence de retraite doit être bien mûrie, car les répercussions de ce choix peuvent être particulièrement douloureuses et dommageables, surtout si la personne aînée est encore suffisamment autonome pour se charger de plusieurs tâches quotidiennes
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Même si l’on choisit de quitter son domicile pour s’installer dans une résidence de retraite, un certain temps d’adaptation est nécessaire. Parfois, il sera très difficile et douloureux; parfois ce sera carrément une «bénédiction» d’être soulagé de plusieurs fardeaux.
Une transition délicate le temps de s’adapter à sa nouvelle vie en résidence
Ce n’est pas toujours facile de quitter sa maison pour entrer en résidence, même si on l’a choisi et s’y sent bien.
Comme tout changement, même le plus agréable, un temps d’adaptation est toujours nécessaire.
Il importe alors de bien accompagner la personne qui vit cette importante transition de vie, le temps qu’elle s’installe physiquement et psychologiquement dans sa nouvelle existence.
Voici un article qui explique les trois temps d’une transition de vie.
Tout évolue constamment, jour après jour, pour tout le monde et chacun de ces changements s’accompagne d’une transition plus ou moins importante, plus ou moins perceptible vers l’acceptation et l’intégration de ce changement dans notre vie.
Le changement : trois phases incontournables
Pour aller plus loin, je vous invite à lire le post-scriptum de Cap sur la retraite. 25 points de repère pour franchir les transitions dans lequel je traite, justement, de la crise dans les CHSLD au moment de la pandémie du coronavirus et des mesures à prendre pour que cela ne se reproduise plus.
LA CRISE DE 2020 ET APRÈS
La crise dans les CHSLD
Quand on parlera de 2020 dans 25 ou 50 ans, on se rappellera que, malheureusement, on a perdu des milliers d’aînés de la COVID-19, en partie parce qu’il manquait de personnel. J’espère qu’on se souviendra aussi qu’en 2020 on a enfin réglé le problème pour prendre bien soin de nos aînés les plus vulnérables (François Legault, premier ministre du Québec)
La crise de 2020, et après : extrait de Cap sur la retraite. 25 points de repère pour franchir les transitions